L’intelligence sociale appliquée au ManagementAvoir un bon relationnel, arriver à convaincre les autres ou anticiper les conflits… sont l’assurance d’une plus grande productivité et d’une carrière réussie. Pour cela, il existe de nombreuses méthodes de coaching et parmi elles, une particulièrement sollicitée par les entreprises : l’intelligence sociale oumanagériale lorsqu’elle est appliquée à l’entreprise.
Jean-Louis Muller, Responsable de formation chez Cegos, spécialisé sur l’intelligence managériale, nous explique ce phénomène. 

– Qu’est ce que l’intelligence sociale ? Dans quelle situation de vie d’entreprise, l’intelligence sociale peut-elle aider ?

L’intelligence sociale c’est la capacité de bien s’entendre avec les autres, de convaincre les autres de collaborer avec nous et de gérer les conflits. Dans l’entreprise, elle s’applique sur plusieurs niveaux :
-L’intelligence conceptuelle (analyse, synthèse, recul sur les situations…) : a priori, les dirigeants y sont déjà formés de part leurs études mais continuent à demander des stages de perfectionnements.
– L’intelligence émotionnelle : c’est la capacité de reconnaître ses émotions (colère, tristesse, joie, peur…). Exemple : « quelqu’un rentre dans mon bureau en colère, si je ne sais pas qu’il demande un changement, je vais à coup sur faire une erreur. » ou encore « Une personne qui entre joyeusement dans le bureau de son manager, signifie que le salarié ne demande aucun changement. Et annoncer un remaniement à ce moment là est une erreur. »
-L’intelligence relationnelle : les gestes, les mots employés, etc. sont très importants. Mais attention cela n’a rien à voir avec de la manipulation.
-L’intelligence contextuelle : Savoir ou l’on met les pieds. Exemple : si l’on doit faire une critique à l’un de ses supérieurs, il sera préférable de le faire en privé.

– En quoi l’intelligence sociale se différencie t-elle des autres techniques decoaching ?

L’intelligence sociale est en fait une méthode enrichie de toutes les techniques existantes. Appliquée au monde de l’entreprise et du management celle-ci a donné naissance à l’intelligence managériale.

– Les conflits en entreprise sont-ils principalement liés au stress ? A l’open space ?

Depuis la fin des années 90, on a aplatie les organisations, mis plus de réseaux et amené les gens à travailler avec d’autres personnes sur des projets communs sans en être le chef direct. Ceci favorise les relations conflictuelles. Aujourd’hui les managers n’arbitrent pas au dessus. Comme l’on est plus dans un système pyramidal, que tout doit aller plus vite (TIC, internet, mail, etc.), tous les petits conflits dans le travail augmentent et par la même occasion les situations de grand stress aussi.

– De quelle manière l’intelligence sociale peut-elle agir en situation de crise dans une société ou lors d’un conflit ?

Dans une situation de conflit en entreprise, le conseil que je donne au manager est de ne pas se laisser envahir par la panique. Pour cela il y a trois méthodes :
-La distance : un manager doit toujours voir plus loin que ses collaborateurs. C’est-à-dire prendre la distance par rapport à la situation.
-La lenteur : dans un conflit, les gens sont paniqués donc l’idée est de ralentir le débat en ayant une attitude plus posée.
-Le tri : savoir trier entre les émotions, les faits et les jugements de valeur, etc.

– Pour bien s’entendre avec les autres doit-on forcément développer l’empathie ?

Aujourd’hui dans le monde de l’entreprise, si l’on n’aime pas parler ou résoudre des problèmes humains, si l’on n’a pas d’empathie et que l’on ne s’intéresse pas aux autres… il ne semble pas judicieux d’accepter un poste de management. Pour bien mener des équipes, il est essentiel d’avoir de l’empathie, mais aussi de la distance. Cela signifie une certaine proximité sans pour autant jouer d’égal à égal.

– Calculer les moindres gestes/mots de son interlocuteur ne bloquent-il pas le naturel ?

Si bien sûr ! Jouer sur les deux tableaux est tout un « art ». Un manager doit éviter d’avoir les mêmes attitudes que ses salariés. Et cela aussi bien pour une question de crédibilité que juridique. Un propos trop familier, peut paraître dans certains cas comme du harcèlement moral. La grosse difficulté est donc d’arriver à jongler avec tous ces aspects sans perdre son naturel.