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Nos sociétés et nos entreprises sont devenues ingouvernables par les méthodes traditionnelles (autocratie ou démocratie représentative) parce qu’elles sont :

  • trop complexes : les différents composants d’une organisation ont aujourd’hui atteint un si haut niveau de complexité et nécessitent une telle réactivité qu’aucun pouvoir central ne peut les gérer de manière efficiente et que les décisions gagnent à être prises de manière autonome au plus près du terrain ;
  • trop hétérogènes : la multiplicité des cultures et des systèmes de valeur, parfois au sein d’une même équipe, a sonné sans doute définitivement le glas des méthodes de participation, d’expression et/ou de management censées s’appliquer à tous.
  • trop éduquées : le nombre d’individus ayant un niveau de compétence et d’expertise élevé croît sans cesse et avec lui le refus des décisions imposées et de l’arrogance des arguments d’autorité ;
  • trop individualistes : le besoin de prise en compte des intérêts individuels et bien souvent leur prééminence sur l’intérêt collectif engendrent une méfiance envers les décisions prises par des personnes perçues comme trop lointaines et peu conscientes des besoins de chacun.

Les 4 règles de la sociocratie et le cadre de sécurité

Les 4 processus de la sociocratie sont: – le cercle – la prise de décision collective – l’élection sans candidat – le double-lien.
L’expérience de ces dernières années démontre l’insuffisance de ces processus auxquels il convient d’ajouter le Cadre de sécurité: ce dernier ne fait pas parti du corpus de la sociocratie, il s’inspire de la discipline de la médiation. Nous l’intégrons dans nos formations car ce cadre est indispensable à l’émergence de l’Intelligence Collective.

La méthode d’organisation en cercles sociocratiques repose sur quatre règles issues de la cybernétique (théories des systèmes de contrôle/commande).

1. Le cercle :
Le cercle est le groupe d’individus constitué en vue de réaliser une fonction clairement identifiée ; il est un sous-système de l’organisation et inclut le responsable de ce sous-système. Ce dernier peut s’apparenter au processus au sens de la norme ISO 9001. Il établit ses propres règles de fonctionnement sur le principe du consentement de ses membres et est maître de l’exécution, de la mesure et du contrôle de son processus. Aucun cercle n’a pour autant une autonomie totale : chacun doit tenir compte des besoins des cercles supérieurs (représenté par le responsable de l’unité) et inférieurs (représenté via les double liens). Le cercle de plus haut niveau, correspondant au cercle de direction, doit représenter l’environnement de l’organisation le plus vaste possible : investisseurs, clients, managers, représentant légaux, politiques, etc.

2. Le double lien :
Un cercle est relié à son cercle supérieur par deux personnes : le responsable de l’unité et un membre délégué (choisi par consentement). Ces deux personnes sont membres du cercle supérieur (double lien).

3. La prise de décision par consentement :
Le consentement signifie l’absence d’objection motivée par des arguments valables. En d’autres termes, aucune décision d’ordre politique (qui affecte le fonctionnement de l’unité ou l’organisation du travail) ne sera prise si un des membres y oppose des objections raisonnables. Lorsque toute objection est levée, la décision est validée.

4. L’élection des personnes par consentement :
Le choix et l’affectation des personnes dans une fonction ou la délégation d’une tâche s’effectue par consentement. Chaque participant écrit le nom de la personne qu’il choisit sur un papier. L’animateur du cercle regroupe les papiers, lit chaque proposition en demandant à la personne de motiver son choix. Une fois que tout le monde s’est exprimé, un deuxième tour est réalisé pour savoir si certains, suite aux motivations énoncées, souhaitent changer de choix. Plusieurs tours peuvent être nécessaires et, lorsqu’il n’y a plus d’objection pour un candidat, celui-ci est sélectionné.

Les effets recherchés par ce mode de fonctionnement sont l’instauration d’une confiance entre les membres du cercle et la fiabilité des décisions prises. On constate que le temps nécessaire à la prise de décision, à priori plus important que dans une organisation autocratique, est très largement compensé par la qualité de la décision et l’adhésion de chaque intéressé à celle-ci. On constate également que, pour fonctionner correctement, l’animateur du cercle doit diriger le groupe avec fermeté quant aux règles de fonctionnement établies et être vigilant quant aux débordements possibles. Le cercle est un lieu de prise de décision, pas de débat.

Le rôle de l’animateur est donc essentiel et il se doit de maîtriser parfaitement le processus sociocratique. Le groupe doit en contre partie respecter ses consignes. On constate également qu’une communication irréprochable (sans jugement, authentique et argumentée sous forme de besoins satisfaits et/ou non satisfaits) tend à rendre le processus efficient. (Source WIKIPEDIA)

En cette période de crise et de peur, ces processus permettent de poser un cadre apportant la sécurité nécessaire pour faire émerger les ressources et la créativité des êtres humains, employés, employeurs et actionnaires.


Accueillir le silence c’est recevoir le monde en soi et il faut créer beaucoup de vide en soi pour naitre à son recevoir. Le silence, un moment avec soi, un moment pour soi.

Parle si tu as des mots plus forts que le silence, ou garde le silence. [Euripide]

Le silence n’est pas seulement rester sans parler mais de rester détaché du monde et d’être attaché à nous-mêmes. Et donc, il y a deux dimensions liées à nos états de conscience : détachement du monde de notre propre conscience externe et attachement au recevoir en soi de notre propre conscience interne.

La vie professionnelle nous étourdit dans des activités multiples, certains remplissent compulsivement leurs  journées et leur agendas afin d’éliminer la moindre minute de battement, le moindre vide, le moindre silence. A force de se noyer dans un activisme incessant, ils perdent le contact avec eux même. L’expérience du silence est  trop souvent négligée dans ce monde qui sans cesse nous agresse. Dans cet environnement grouillant, elle apparaît de plus en plus comme une nécessité pour se recentrer.  Dans cette agitation ambiante, ils se laissent envahir par toutes sortes de tourments qui, à la longue, finissent par les rendre malades, car à ce rythme, le corps s’épuise, les pensées se bousculent, s’embrouillent et se diluent.

Pour renforcer notre équilibre intérieur, nous ressourcer et écouter les messages que le corps nous envoie, nous aurions pourtant besoin de calme, de détente et de silence. Or,  précisément, nous redoutons le silence, il nous renvoie à toutes nos peurs archaïques : celle de l’absence, de l’insécurité, du vide, de néant, du manque d’amour, d’où notre besoin de combler et de se remplir de l’Autre, de possessions, de travail, de nourriture, d’alcool et  de substances diverses.

Le silence est un ami qui ne trahit jamais. [Confucius]

L’origine de nos peurs du silence et du vide.

Durant ses premiers mois de vie, le bébé est entièrement soumis au « principe de plaisir » énoncé par S. Freud . Il vit en pleine fusion avec celle qui le nourrit et lui procure des soins, en l’occurrence sa mère. N’ayant pas clairement conscience d’une réalité extérieure, ses demandes étant satisfaites par la mère,  il se  trouve dans l’illusion de la  toute-puissance. Peu à peu, au cours de sa maturation, l’enfant se confronte au « principe de réalité », aux premières frustrations, à l’attente, à l’absence.

La mère « suffisamment bonne » est sensée jouer un rôle de régulateur interne, mais aussi externe. Tout en continuant à l’accompagner et à lui prodiguer amour et soins, elle lui apprend à se confronter à la séparation, à l’attente et à la frustration qui en découle. Pour supporter l’absence, l’enfant  va devoir imaginer l’Objet affectif, le fantasmer, il utilisera « l’objet transitionnel » : doudou, ours en peluche, tétine etc.. Cette capacité fantasmatique lui offre en même temps la possibilité d’explorer son imaginaire.

Dans son processus d’individuation, pour se construire un moi autonome, l’enfant a besoin  d’expérimenter cette force interne. Elle lui permet aussi de pallier le manque.

A  défaut d’un accompagnement satisfaisant, (mère trop comblantes devançant toute demande et empêchant ainsi cette capacité d’exploration de vie intérieure, ou mère absente, peu affectueuse,)  il sera dans une éternelle attente, souffrant de carences, cherchant à l’extérieur  ce qui  pourrait le satisfaire.

Ainsi, pour certains, le silence renvoie à l’angoisse, au vide, au manque et surtout à l’incapacité d’y faire face. Il nous faut nous rendre à l’évidence : nous ne  parviendrons jamais  à colmater cette béance toujours en nous et devons admettre que l’Autre ne comblera jamais tous nos besoins.

Faute de s’en convaincre, notre vie risque d’être une quête insatiable et illusoire. Nous ne pouvons échapper en effet à l’expérience de la solitude inhérente à notre condition. La capacité d’être seul  nous apprend aussi  à grandir, elle nous confronte certes à l’absence, mais aussi à la présence. Elle éveille en nous la possibilité de se nourrir d’une vie intérieure plus intense, d’explorer de nouvelles ressources et  de se relier  à soi.

Nous pouvons parvenir à transformer notre peur de la solitude en l’apprivoisant,  en acceptant de se retrouver seul pour accueillir ses peurs, les  comprendre et les dépasser. On y puise une grande force et  on apprend alors à être bien avec soi, on acquiert une nouvelle liberté, celle qui permet de choisir d’être tranquillement avec soi-même.

Pour Carl Jung, la quête du « connais-toi toi-même »  passe par le  retrait en soi. Cette étape est  bénéfique pour soi, mais aussi pour notre environnement car elle agit sur nos relations interpersonnelles et rejaillit sur toute notre existence.

De grands philosophes existentialistes et spiritualistes insistent sur l’importance de l’expérience de cet isolement en préconisant la rêverie qui lui assure d’avoir un moment à soi : «Je ressens un  sentiment précieux de  plénitude, de contentement et de paix dans ce calme. Chaque jour de ma vie me rappelle avec plaisir celui de la veille et je n’en désire point d’autre pour le lendemain. »

Quoi de plus complet que le silence ? [Honoré de Balzac]

Faire silence c’est résister aux méfaits du stress.

Alors commençons quotidiennement à nous octroyer quelques minutes afin d’offrir à notre corps et à notre  mental un moment salvateur. Pour éviter de se laisser habiter par un déferlement de pensées parasites, habituons-nous par exemple dans la journée à être vigilant à un état intérieur, simplement percevoir la présence attentive de son souffle,  avec la sensation  agréable de bénéficier d’un peu de temps pour être avec soi, attentif aux mouvements que l’on effectue comme le pas que l’on pose dans le sol, ou savourer un met en mangeant dans la pleine conscience des cinq sens que l’on éveille. Attentif à soi, mais aussi à la vie, à son environnement : regarder le ciel, les étoiles, le soleil, la couleur et pureté d’une fleur,  écouter le tic tac d’une pendule, entendre le son des oiseaux, communiquer avec la nature  être présent à la musique, à ses vibrations… autant de techniques à la portée de chacun…

Après une épreuve douloureuse, une étape de vie importante, nous avons besoin de conforter notre relation avec nous-mêmes. Trop souvent, après une séparation, un divorce, une rupture, on se précipite dans une nouvelle relation pour ne pas avoir à affronter la solitude. Si nous voulons créer des nouveaux liens,  il nous faut quelquefois vaincre nos ennemis intimes, comprendre et intégrer ce que notre relation aux autres a éveillé comme pensées, comme comportements. Cela suppose un temps de retrait, un espace pour la réflexion, entendre ce que l’on n’a pas pris soin d’écouter,  accepter de grandir et de mûrir. C’est un moment où l’on approfondit  la relation à soi et cela nous procure une plus grande liberté intérieure pour nous investir dans de nouveaux choix de vie.

Ce temps d’isolement est aussi  un moment sacré, d’une grande intensité où l’on vit  avec soi une expérience privilégiée d’une grande fécondité qui nous ouvre à une vraie présence à nous-mêmes. Lorsque l’on ressent cette présence en soi, on n’a plus peur du silence,  de la solitude… on ne se sent plus seul.

Eprouver une liberté intérieure, c’est s’affranchir  de toute attente et de toutes nos peurs dit Matthieu Ricard*  Dans la vie quotidienne, cette liberté nouvelle nous offre la possibilité d’une plus grande ouverture à l’autre, celle aussi de savourer la simplicité du moment présent, libre du passé, affranchi du futur et de ses peurs, celle de pouvoir alors partager simplement l’intimité d’un rire avec les êtres que l’on apprécie, sans y être émotionnellement accroché.

Ainsi régénérés et  libérés, il nous est plus aisé de nous  investir dans nos activités en développant davantage notre créativité et nos aspirations pour le plaisir et la solide nourriture de la vie.

La vie est riche de tout ce qui est nécessaire pour nous éclairer, mais nous ne prenons pas le temps d’allumer la lumière nous enseignent les sages. Vivre le silence c’est se libérer de son propre conditionnement.

Sachons reconnaître notre besoin de silence et de présence, de solitude mais aussi ceux de notre entourage et accordons-nous ces moments où chacun respecte le silence, l’espace et le jardin secret de l’autre afin de mieux se retrouver.

Notre capacité d’écoute et faire silence dans le coaching et l’accompagnement

L’homme courageux n’est pas celui qui n’a jamais peur, mais celui qui accepte de faire silence en lui.

[Henri d’Hellencourt]

Dans l’accompagnement et le coaching, accompagnateur et accompagné sont, tous les deux, invités à se mettre dans cette attitude créatrice, ou l’écoute fait éclore la parole. Tout accompagnement se concrétise et se réalise dans le dialogue tissé de parole dite et parole entendue.

Ecouter cependant n’est guère une opération facile, ni spontanée. Spécialement en notre monde où la parole, bien que multipliée et orchestrée par tant de moyens techniques super perfectionnés devient inaudible par excès de bruits. Force nous est donc de réapprendre à faire silence, à acquérir la capacité d’écouter.

Comment écouter.

Le silence est une des formes les plus perfectionnées de l’art de la conversation.

[William Hazlitt]

Le mot vient du latin, auscultare, (d’où ausculter un malade). Et le Larousse explique »: «Prêter l’oreille, s’appliquer à entendre, être attentif à, tenir compte de ce qu’on dit, exprime ou désire… accueillir avec faveur, attacher de l’importance… Ecouter, c’est apparemment ne rien faire, se tenir oisif à ne rien faire. Pourtant c’est une opération ardue, exigeante, multiforme.

Dans l’accompagnement spirituel l’art de l’écoute ne relève pas seulement de la technicité. Il ne s’agit pas seulement d’écouter l’autre, assis à côté ou en face, mais aussi et surtout d’être à l’écoute des formes pensées de l’Esprit en lui, de ses motions, désirs, voix et voies qu’il essaie de faire résonner, et frayer dans le cœur de cet autre qui nous demande de l’accompagné.

Accueillir le silence est une dimension première au cœur de l’entretien d’accompagnement. Elle concerne aussi bien l’accompagnateur et l’accompagné. Tous les deux se doivent d’être en attitude d’accueil, profond, qui s’œuvre au mystère de la vie qui se communique par le lien qui unit l’un et l’autre. Ainsi cette attitude devrait toujours précéder, accompagner, clôturer toute rencontre d’accompagnement, et même la prolonger et se poursuivre bien au-delà.

Le silence qui la précède  est un silence de mise en disponibilité, en préparation, où tous les deux, accompagnateur et accompagné, se mettent en état d’éveil et d’attente de la lumière qui va surgir, de la parole qui va faire vivre et vibrer.

Le silence qui l’accompagne est fait de silence ou de parole parfois, mais toujours d’attention et de vigilance aux émotions, même devant le mystère qui se révèle à travers le partage et la communion fraternels des deux partenaires en présence.

Le silence qui suit l’entretien, même si l’entretien semble s’enliser, ou se bloquer, ou aboutir à une impasse, dans l’obscurité nous permet de tenir une attitude de confiance en l’action de la grâce qui continue son cheminement souterrain aux fins fonds des cœurs pour nous encourager et stimuler.

Ecouter l’autre c’est aller à sa rencontre, donc sortir de soi dans l’accueille. C’est être soi-même tous yeux, toutes oreilles, entièrement à l’autre, face à lui, dans une attention tendue vers ce qu’il va dire, désirer… C’est une modalité du don de soi. C’est donc être à la fois dedans et dehors de soi comme une sensation d’expansion de notre propre conscience.

Pour que cette sortie de soi, pour se rendre présent à l’autre, chez l’autre ; pour que puisse se vivre un lien sans déchirure, ni divorce, sans se renier ni se désincarner de son identité ; il faut avoir été capable tout d’abord, par grâce et à force d’un travail sur soi, d’avoir mis de l’ordre dans sa propre vie intérieure, s’être réconcilié avec soi-même, et solutionné, ou rangé au moins, les problèmes qui nous occupent et préoccupent. Il faut avoir acquis une certaine forme de sérénité fondamentale, sans laquelle il nous sera impossible d’être à l’autre, et à son écoute.

Faire silence en soi dans l’écoute, et pour pouvoir écouter.

Le silence devient plus dangereux que la parole, en communiquant aux yeux toute la puissance de l’infini des cieux qu’ils reflètent. Honoré de balzac

Ce silence pour écouter exige de nous une forte implication personnelle. Quand nous écoutons vraiment activement, celui ou celle qui parle, non seulement nous suivons mot à mot ce qu’elle dit, mais surtout nous anticipons en quelque sorte ce qu’il va nous dire, et rejoignons même ce qu’il n’ose pas dire, et attende de nous que nous l’entendions.  Tout cela ne saurait jamais être vécu que dans un climat de profond silence extérieur et intérieur surtout. Ne sait écouter que celui qui sait faire taire, en lui et autour de lui, tout bruit et vacarme des sons et des passions.

Ecouter avec tout notre être, corps et âme.

Ecouter de grand cœur, magnanime et généreux et ainsi permettre à l’autre d’être lui-même, à l’aise et décontracté. L’écouter sans préjugés, ni idées préconçues; ni pré acquis, ni présuppositions.

Ecouter avec un esprit large, compréhensif et ainsi rejoindre l’autre là où il est, et dans ce qu’il est, sur son propre terrain et dans son propre chemin.

Ecouter avec une liberté, une liberté intérieure capable de respecter la liberté de l’autre, et même le libérer de ses propres prisons. Au point de départ, qui écoute n’a rien à défendre, rien à prouver, rien à affirmer.

Ecouter en esprit et en vérité, c’est “nous avancer sur le chemin où l’autre nous appelle et nous propose de le rencontrer. Cela suppose une relation ouverte avec nous-mêmes et notre propre expérience intérieure et extérieure, qui nous permette de trouver une ouverture à l’autre, et une disponibilité à l’accueillir.

Une telle écoute est réciproque et vise à une recherche commune de la vérité. Cela exige:

  • De la part de l’accompagné un désir vrai d’éveiller sa proper conscience. Sa propre parole doit alors faire place progressivement à un silence fait d’attente et d’attention à son propre discours et à celui de l’accompagnateur comme à tout autre signe intuitif de l’intervention de dans sa vie.
  • De la part de l’accompagnateur, le silence est premier, mais il n’est pas un silence d’absence mais d’attention et de respect.

L’accompagnement tend à aider l’accompagné à reconnaître l’action de sa propre conscience, entendre sa parole et y répondre. A la lumière de ce principe nous lisons la réponse à notre double question:

L’accompagnateur et l’accompagné, ensemble, seront toujours à l’écoute de leur conscience, même si son émergence se fait rare, se fait attendre ou semble mystérieuse, indéchiffrable.

Le plus grand souci, dans l’accompagnement, est cette harmonie entre toute ces écoutes pour arriver à entendre la conscience et sa parole qui nous appelle à l’être, à la vie, au bonheur.

Quoi écouter?

Le silence est le dernier refuge de la liberté.

[Michel Campiche]

Tout ce qui est dit:

  • D’abord la parole des mots, de la voix et des discours. Ensuite, les intonations et modulations des voix, le genre du discours, son rythme, volubilité, continuité, discontinuité, logique et illogisme.
  • Ecouter les gestes, attitudes, regards, teint-caméléon, tension du corps, tics, tremblements des mains ou des pieds, façon de s’habiller ou de s’asseoir, modèles et couleurs… ameublements. Bref, toute la personne et tout ce qui en émane.
  • Ecouter tout cela, en profondeur, comme on écoute l’écho de la chute d’un caillou au fond d’un puits. Ecouter et se donner le temps de laisser-venir la compréhension, et peut-être aussi la réponse. Et quand bien même l’écoutant n’a pas compris, l’écoute bien conduite ne saurait demeurer sans effet: immanquablement une lumière en surgira pour l’écouté, même si l’écoutant n’a point d’emprise sur elle.

L’écoute qui ouvre une autre dimension de l’être

Le silence est le plus haut degré de la sagesse.[Pindare]

L’écoute est toujours bénéfique. Heureux qui en a et la capacité et la compétence. C’est une grâce de choix. Offerte ou reçue, dans l’accompagnement spirituel, elle est une manière d’incarnation de l’amour de Dieu, qui est toujours à notre écoute, et dont la parole donne la vie, la paix, le bonheur à celui qui est écouté comme à celui qui sait écouter.

Pour être ainsi salutaire, l’écoute nécessite encore de nous que nous sachions en éviter les écueils, et ils sont nombreux, comme aussi savoir gérer ce qui a été dit.

L’écoute et ses obstacles.

Dans le silence et la solitude, on n’entend plus que l’essentiel.

Echos du silence

La répétition: Un tel accompagné se raconte, et n’en finit pas. Il ne cesse de se redire, de se complaire dans ce qu’il dit. Faut-il alors laisser faire? L’écoute vigilante, même respectueuse de l’autre, doit savoir orienter et éveiller, et remettre dans l’ordre, sans bloquer et interrompre.

Le blocage: Né du mutisme de l’écoute, ou d’un choc psychologique, ou opposition quelconque ou bien quand rien ne bouge, rien n’advient, et cela pendant plusieurs entretiens. Que faire? Tout faire pour ne point en arriver à ce point. Ensuite tenter de remettre en confiance, de dissiper tout soupçon de manque d’intérêt, ou indifférence… enfin entrer en confluence  ensemble et ne jamais perdre patience ni espérance.

La position d’autorité: Elle fausse toutes les règles du jeu, réduit au silence, ou retourne au système de défense, justification, apologie, ou même encore d’arbitraire.

Le transfert: qui fait virer l’écoute vers les chemins de l’affectivité et des “amourettes”, ce qui nous embarque dans d’autres continents, et gomme complètement toute ouverture dans ce cas cet amour entre dans le conditionnel.

Le semblant d’écoute ou écoute feinte: tout en écoutant, on est ailleurs, ou distrait, ou fatigué, ou impatient d’en venir à bout, ou même occupé à préparer les réponses pendant que l’autre parle.

Savoir accueillir ce qui a été écouté.

Je tiens mon âme en paix et en silence, comme un enfant contre sa mère.

Psaumes, CXXXI, 2

L’accompagnateur n’est pas un dilettante, qui écoute pour écouter. Et l’accompagné ne parle pas pour le simple plaisir de parler. Donc, toute écoute, en ce cas, nous invite à tous deux, ensemble, avec patience et bienveillance, sous le regard de la conscience collective et pour son amour, à chercher les conclusions pratiques:

  • Faire le point sur ce qui a été dit, et essayer, d’accorder avec l’accompagné, à reformuler ce qui a été dit, pour s’assurer de la bonne compréhension, d’un côté comme de l’autre.
  • Essayer de chercher de nouvelles pistes, pour sortir d’une impasse, ou d’une situation problème.
  • Placer ce qui a été dit, au vécu, sous le signe de l’intuition, et en tirer orientation à prendre pour le cheminement, et préciser, ensemble, quoi faire pour demeurer fidèle à ce cheminement.

Le cercle de silence ou de dialogue dans un lieu symbolique collectif :

Le silence est la plus haute forme de la pensée, et c’est en développant en nous cette attention muette au jour, que nous trouverons notre place dans l’absolu qui nous entoure.

Le huitième jour de la semaine

Il ne s’agissait donc pas dès l’origine, comme d’aucuns le croient, d’un mode d’action à but religieux ou mystique ou encore une action mystique, quelque chose de fumeux, de vaguement magique, tant la perspective de S’ARRETER un instant, de SE POSER parait saugrenue, voire dangereuse.

Les cercles de silence sont nés à l’initiative d’organisations très diverses : des franciscains, des managers, des militants, des membres de syndicats ou de partis qui préfèrent ne pas se définir par leur appartenance mais simplement par leur humanité et leur conscience… Quoiqu’il en soit, tous les cercles de silence appellent unanimement à REFLECHIR.

La manifestation telle que nous la connaissons est souvent bruyante, il s’agit de se faire entendre le plus fort possible et d’exprimer très haut sa colère, son mécontentement, ses revendications.

Particularités des cercles

Le silence est comme l’ébauche de mille métamorphoses. Rimbaut

Par la forme même du cercle, celui qui y participe se met en situation physique de réfléchir de façon à la fois individuelle et collective à ce dont ces agissements sont le symptôme.

C’est en ce sens qu’il est un acte à portée politique et économique (au sens traditionnel de vie de la cité) et citoyenne, plus large peut être que la manifestation.

Car le cercle par sa forme, par l’immobilité qu’il demande, conduit à penser. Il dit « réfléchissons » à la première personne du pluriel, et non pas « réfléchissez », à la deuxième personne. Il oblige à prendre conscience que nous sommes tous, absolument tous, impliqués dans ce qui se passe.

Pendant ces instants de silence, de nombreuses questions nous traversent. Car elles traversent, plus ou moins implicitement, tout le corps social et nous prenons conscience que nous ne pouvons ni les ignorer ni nous contenter des réponses superficielles.

Le cercle nous rappelle que tous les humains sont liés. Et c’est pourquoi le cercle réunit des personnes assez différentes de par l’ensemble de leurs motivations.

Il nous ramène aussi par la réflexion à laquelle il nous oblige, à ces questions essentielles qui sont : qu’avons-nous fait de ce monde que nous avons contribué à construire, pourquoi et comment en sommes nous arrivés là et plus important que pouvons nous faire à présent pour rendre un peu de raison et de conscience ?

La meilleure écoute serait celle où accompagné et accompagnateur se fond tous les deux dans l’écoute et le silence profond de la relation.

Emergence de la présence du silence dans le dialogue.

J’ai longtemps aimé le silence pour lire. La quiétude d’un néant quelconque, impersonnel, pour savourer pleinement le cataclysme sonore des mots.

Le Sang du temps (2005)

  1. Poursuivre un but commun défini très largement, sans agenda prédéfini, en laissant émerger dans le cercle les enjeux qui seront examinés.
  2. Rendre les présupposés les plus explicites possibles par un équilibre entre l’exposé authentique de ses points de vue et le questionnement respectueux de ceux des autres.
  3. Cerner les conséquences des conceptions entretenues et des actions entreprises pour les personnes, les organisations et leur environnement.
  4. Suspendre le jugement durant la parole et l’écoute et découvrir, par empathie, le point de vue et le sens vécu par d’autres personnes.
  5. Ralentir la vitesse de la pensée et développer une attention subtile sur les interactions existantes entre les interventions, la pensée, les émotions, les réactions corporelles, les valeurs, les intuitions, etc.
  6. Ne pas capturer la pensée par un seul effort accru de la pensée et accueillir la diversité des modes d’intervention (intellectuels, émotionnels, imagés, esthétiques, etc.).
  7. Respecter le caractère sacré de la parole en réduisant le nombre et la durée des interventions, en accueillant les temps de silence et en s’exprimant seulement quand l’intervention est considérée « conséquente ».
  8. Suspendre le plus possible les rôles et les statuts, incluant ceux des cadres dirigeants, ceux des employés subalternes ou ceux du facilitateur ou de la facilitatrice.
  9. Offrir ses interventions plus au centre du cercle qu’à des personnes en particulier et éviter les généralisations abusives.
  10. Résister le désir d’avoir été bien compris et de défendre son point de vue : développer la confiance qu’une autre personne va qualifier et enrichir l’intervention.
  11. Développer la patience en mettant davantage l’accent sur les processus d’apprentissage individuel et collectif offert par le dialogue et moins sur ses résultats à court terme.
  12. Avec le temps, ouvrir le cercle de dialogue aux personnes ne travaillant pas pour l’organisation mais représentant le système global affecté par les décisions et activités de l’organisation.

Les confusions fréquentes :

J’ai longtemps aimé le silence pour lire. La quiétude d’un néant quelconque, impersonnel, pour savourer pleinement le cataclysme sonore des mots.

Le Sang du temps (2005)

  1. Un dialogue est différent d’une dispute, d’un débat ou d’une discussion.
  2. Les groupes de dialogue sont différents des groupes de thérapie ou de soutien, bien que la pratique puisse mener à un développement de la conscience et à une meilleure gestion de soi.
  3. Un groupe de dialogue n’est pas un comité chargé de trouver des solutions à des problèmes à court terme, ni de résoudre des conflits particuliers.
  4. L’esprit des dialogues est différent de celui des « salons » et ne se résume pas à des réunions informelles.
  5. L’objet du dialogue n’est pas d’atteindre un consensus général ou de trancher entre différents intérêts divergents.
  6. L’objet du dialogue n’est pas non plus de former une communauté ou une secte, ni d’encourager la formation d’un groupe immuable.
  7. Le dialogue n’est pas une pratique de « petit groupe », mais de « grand groupe » qui peut servir de microcosme d’une société plus large.
  8. La pratique du dialogue ne se résume pas à un processus intellectuel mené par un groupe d’experts, mais mène à examiner le processus de la pensée elle-même.
  9. Le dialogue est différent du brainstorming car on y ralentit la pensée et des sessions de focus group car il n’y a pas d’agenda spécifique prédéfini.
  10. Le dialogue n’est pas une idée romantique naïve. Sa pratique est difficile et débutée souvent quand toutes les autres stratégies ont été essayées sans succès.

Opportunités

… pour tous ceux qui sentent profondément et qui ont conscience de l’inextricable labyrinthe de la pensée humaine il n’y a qu’une seule réponse possible: une tendresse ironique, et le silence.

Justine

  1. L’enjeu à traiter est suffisamment complexe pour pouvoir initier une pratique de dialogue.
  2. La problématique soulevée ne peut être gérée par un effort de « routinisation » utilisant des procédures éprouvées.
  3. Le degré de confiance entre les membres du groupe ou de la communauté à être réunie pour le dialogue est relativement sain.
  4. Les membres du groupe ou de la communauté ne connaissent pas actuellement de conflits personnels majeurs entre eux.
  5. Les cadres et cadres supérieurs devant participer au dialogue sont capables d’abandonner temporairement leur statut et leur volonté de diriger.
  6. Les personnes sans pouvoir formel ou même défavorisées socialement sont capables d’exposer leurs points de vue durant le dialogue.
  7. Le groupe ou la communauté a réalisé que l’utilisation de stratégies traditionnelles n’est pas assez riche afin d’aborder leurs enjeux complexes.
  8. Les membres du groupe ou de la communauté ont un engagement relativement important à essayer des stratégies innovatrices de développement.

On ne peut voir la lumière sans l’ombre, on ne peut percevoir le silence sans le bruit, on ne peut atteindre la sagesse sans la folie.

Citations de Carl Gustav Jung